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  • Photo du rédacteurKarima Brakna

Enseigner le yoga de manière inclusive, ça veut dire quoi?

Dernière mise à jour : 7 nov. 2021

L'explosion de l'offre en matière de yoga est incontestable et la diversité fait le bonheur de tous les goûts. Certains chercheront des cours sans "bla-bla" où décharger leur énergie en étant guidés physiquement surtout, d'autres rechercheront une connexion et un ancrage plus spirituels avec leur pratique ou encore des sessions faisant la part belle aux aspects les plus méditatifs de la discipline. Quel que soit le style pratiqué, quels que soient les bienfaits escomptés, il y a pourtant certains principes transversaux à tous les styles que chaque professeur se devrait d'assurer aux élèves: la promotion d'un enseignement qui garantit la sécurité et le respect de tous les élèves. Car dans le yoga, la pratique commence d'abord par la compréhension et l’application que nous mettons à réaliser les principes éthiques appelés Yamas et Niyamas (cf. notre post "Le yoga de Patanjali") .


Il ne s'agit donc pas de s'arrêter uniquement aux aspects physiques du yoga pour éviter aux élèves de se blesser mais bien de garantir un espace de pratique sécurisant tant sur les plans psychologiques que relationnels. Nous, les professeurs, sommes les garants de cet espace et de ce qui s'y passe.


Que savons-nous de nos élèves?

Nos élèves nous informent volontiers de leurs blessures, de leur grossesse (mais pas systématiquement) et de leur état de santé physique. Mais que sait-on de leur réalité psychique?

Partons du principe que chacune et chacun porte en soi son lot de douleurs, de difficultés, d'envie de bien faire ou de besoin d'échange vs de retour à soi. Que ferions-nous différemment si nous savions à l'avance que tel ou telle personne lutte depuis des années contre un trouble du comportement alimentaire, une douleur chronique, un surmenage, une dépression, un traumatisme, une anxiété sociale ou une dépendance? A quoi ferions-nous plus attention?


Pourrions-nous considérer la possibilité de mettre en pratique les éventuelles précautions que nous prendrions à chaque instant? Comment nous adapter à toutes ces éventualités et respecter une éthique relationnelle qui soit bienveillante (ahimsa), sincère (satya), honnête (asteya) modérée dans nos désirs (brahmacharya) et sans convoitise (aparigraha)?

Enseigner de manière inclusive signifie que nous garantissons aux élèves et à leurs éventuelles difficultés une place safe au sein de nos cours. Autant que possible, on choisit ses mots en conscience, on accueille, on invite sans imposer, on offre des choix adaptés au moment présent. Mais il est également important de rester prévisible et persistant dans nos transmissions. Cela va du respect des horaires au respect du programme annoncé, s’il y en a un, en passant par notre manière d’approcher physiquement un élève. Les ajustements physiques se font lorsque la permission est donnée par l’aspirant yogi sinon il vaut mieux éviter.


Yogic attitude ou insta attitude?

Si je choisis d’accueillir mes élèves en tenue décontractée et relativement pudique ou si j’opte pour ma nouvelle combi moulante garantie bio, éthique et ultra chère, quelle est la différence dans le message que j’envoie? Quelle serait pour moi la manière la plus adéquate de promouvoir un espace où les élèves ne se comparent ni les uns aux autres ni à moi lorsque j’enseigne?


Si vous pratiquez le yoga, vous avez surement déjà remarqué que le ratio homme/femme dans un cours est peu équilibré. Nous savons aussi qu’en matière de santé, les hommes tendent à moins consulter ou demander de l’aide. Mais cela ne veut pas dire qu’ils n’en ont pas besoin. Je vois parfois des femmes emmener leur conjoint au yoga avec le secret espoir qu’ils comprendront à quel point cela pourrait leur faire du bien de pratiquer. Alors ils viennent, par amour, par curiosité, par conviction parfois et se retrouvent face à des individus hyper souples et très performants qui font la démonstration de leur plus belle pose pour l’expliquer aux élèves. Pire, ils s’abonnent peut-être même à leur page sur les réseaux sociaux! Mais n'oublions pas que la visibilité des professeurs sur les réseaux sert avant tout à vendre des cours et pas simplement à promouvoir Le Yoga de manière globale. La vitrine se doit d'être un minimum "vendeuse". Et cela conviendra certainement à bien des personnes, notamment celles qui aiment les challenges. Mais qu’en est-il des autres? Seront-elles réellement convaincues que se sentir complètement dépassés et face à leurs limites pourra leur faire… du bien?


A nous, enseignant·e-s, de trouver des moyens pour inspirer et transmettre ce en quoi l’on croit sincèrement sans tomber dans l’excès ou le culte de l'ego au détriment de ce qu’est le yoga. A nous d’être vigilants et authentiques en éloignant les risques de développer des relations ambiguës fondées sur la séduction, la convoitise ou la manipulation.

Je prends le parti de croire que si nous pouvions travailler en intégrant ces principes, plus d’élèves se sentiraient suffisamment en confiance pour nous informer de leurs possibles difficultés psychiques, et plus de personnes pourraient avoir accès au yoga et à ses trésors de bienfaits.


Namaste


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