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  • Photo du rédacteurKarima Brakna

Périménopause: une fenêtre de vulnérabilité

Dernière mise à jour : 18 oct. 2022

Ahhhh les hormones au féminin... Quelle aventure!


Passé la puberté on se prépare à accuser le coup une fois par mois, et si tout va bien, on s'habitue un peu, après quelques années. Sauf si l'on souffre d'endométriose, de ménorragie, de polypes, de fibromes, de kystes ovariens et autres contraintes qui prennent parfois bien trop de temps avant d'être correctement diagnostiqués et traités. Peut-être parce que pour beaucoup de monde, il est encore normal de passer 3 jours par mois en PLS quand on est une femme. Spoiler alert: "on nous ment, on nous spolie"! Souffrir le martyr n'est pas une obligation contractuelle.


Alors bon, on fait comme on peut avec son flux menstruel et on se prépare ensuite à voguer au travers du torrent des hormones de grossesse si le projet de maternité nous concerne. Une fois, deux fois, cinq fois avant de penser pouvoir se la couler douce avec son corps et revenir à soi, à ses projets professionnels, à son épanouissement intellectuel, sexuel, spirituel ou familial. D'ici la ménopause, on a le temps de kiffer la vibe les doigts de pieds en éventail sur le fleuve Sérénité après tout non? Oui mais en fait non.


Parce qu'il semblerait qu'on aurait oublié de nous parler d'un fâcheux petit détail potentiellement fort lourdingue pour certaines d'entre nous: la périménopause.


La périménopause, du grec peri (autour), meno (mois, menstruation) et pause comme son nom l'indique, est une période de transition durant laquelle le corps prépare l'arrêt de l'ovulation. Et ce travail préparatoire peut débuter bien en amont de la ménopause. Les statistiques s'accordent pour une fourchette moyenne de 35-40 ans tandis que l'âge moyen de l'entrée en ménopause non induite chirurgicalement (soit un an sans règles) est autour de 50 ans.


Caractérisée par des niveaux d'oestrogènes plus élevés et fluctuants que la normale, ces changements hormonaux associés à la diminution de la progestérone entrainent une irrégularité des cycles et une multitude de symptômes physiques et psychologiques dont l'intensité et la fréquence varie d'une femme à l'autre. Bouffées de chaleur, sueurs nocturnes, insomnies, prise de poids, irritabilité, déprime, anxiété, douleurs articulaires, fluctuations de l'humeur, sécheresse vaginale, fatigue sont autant de possibilités qui pèsent sévèrement sur la qualité de vie.

Ainsi, bien que la périménopause soit une phase inévitable et naturelle de notre vie il serait risqué de ne pas y prêter attention car il s'agit d'une fenêtre de vulnérabilité bien réelle.

Bien sûr chez certaines femmes aucune gène ne se fait ressentir avant la ménopause. Quant à d'autres, elles ne relèvent que de menus désagréments qui passent rapidement. Difficile de prévoir comment notre corps va réagir ni comment nous allons pouvoir accueillir ces changements.


Arrivées à un âge où nous pourrions facilement nous sentir stables, bien établies dans nos vies et empuissancées par nos expériences car plus en maitrise de nos conditions de vie, ce rappel à l'ordre brutal peut se révéler violent. Nombreuses sont celles qui ont plus ou moins internalisé des injonctions "âgistes" et sexistes concernant l'apparence ou la santé. Vous savez, ces encouragements à peine voilés à lisser les rides, à raffermir ces chairs creusées de capitons, à couvrir ces fils blancs de nos crinières au carré, à dépenser des fortunes en anti-rides greenwashés, en chirurgie esthétique, en pierres de Gua Sha du Mordor ou de séances de yoga du visage. Vieillir? Nooon, pensez-vous. Vieillir c'est pour les vieilles! Alors les bouffées de chaleur n'en parlons pas... D'ailleurs, combien de médecins vous diraient impulsivement "mmmh? Non vous êtes un peu trop jeune pour ça Madame." Les préjugés ont la vie dure.


"Étant une femme célibataire et sans enfant, je faisais face à une réalité qui est soudainement devenue plus écrasante quant à savoir si j'aurais ou non l'occasion de faire l'expérience de la maternité une fois dans ma vie. Même si mon esprit savait que j'entrais dans une période où cette possibilité s'amenuise, pour ne pas dire s'évanouit, c'était très différent de la ressentir directement dans mon corps. Au début, j'accueillais chaque douleur menstruelle comme une fête parce qu'elle me soufflait que JE fonctionnais toujours. Comment se fait-il que notre identité féminine soit si profondémment intriquée à notre statut reproductif? Quelle imposture!"


Mais alors comment soutenir cette phase si spéciale afin que notre joie de vivre ne suive pas le même chemin que nos ovaires désoeuvrés? Comment faire face à l'imprévisibilité, l'irrégularité et la perte de nos rythmes cycliques sans pour autant perdre pied? Comment faire le deuil de ce qui se perd en soi?


Les disciplines yogiques offrent une manière très adaptative de soutenir ces processus de maturation en promouvant des soutiens de santé naturels, qu'ils soient physiques, psychologiques ou spirituels. Comme le dit si bien Uma Dinsmore-Tuli (yogathérapeute passionnée par la santés des femmes et papesse du yoga Nidra) le cœur de la philosophie du yoga en termes d'acceptation de chaque instant tel qu'il est -Santosa- est ici offert à toutes les femmes, souvent enveloppé dans des couches de tapasya ou d'attention disciplinée, et offrant l'opportunité de pratiquer ahimsa, la non-violence, et se faire don de tendresse, de tolérance. N'oublions pas un élément central du soutien permettant de garder patience dans le tumulte des changements: le stasang. Le terme sanskrit Satsang signifie s'associer aux personnes vraies ou aux sages. Il fait référence à la tradition du partage des expériences intérieures. Faire partie d'une communauté. D'une sororité qui partage la sagesse résidant en chacune de nous et qui représente une invitation à évoluer vers des perspectives plus élevées et le bonheur.

"Quel soulagement ce fut lorsque j'ai commencé à échanger sur ce sujet avec d'autres femmes autour de moi. D'entendre ma mère, ma sœur, mes amies parler de leurs propre traversée, tantôt épuisante, tantôt résiliante. Quel soulagement ce fut lorsque j'ai abandonné la bataille. Le temps ne peut être vaincu, il ne peut être que vécu.

Oui, le changement a commencé et non je ne suis pas trop jeune pour ça. Cela a commencé dès ma naissance en fait. Je change. Et je suis prête à évoluer vers la femme que je me suis préparée à devenir."



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